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Parcours
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Les premières années, l'apprentissage théâtral
Enfance à la campagne en Mayenne, études secondaires au Prytanée militaire de La Flèche puis au lycée Ambroise Paré de Laval. Au printemps 1972, manque d'air, je suffoque, abandonne le lycée, rejoins le Maroc puis l'Algérie, trouve un emploi éphémère de disc-jockey dans un centre touristique de Tipasa (Albert Camus en écrivit L'été), repasse la Méditerranée, me fais embaucher comme aide régisseur bénévole de la troupe d'Avron & Evrard pendant le festival d'Avignon, découvre l'expression corporelle en vogue à l'époque. L'année suivante, je passe mon bac à Paris. De 1973 à 1976 à Paris, je suis une formation d'acteur basée sur les principes du "théâtre pauvre" inventé par le metteur en scène polonais Jerzy Grotowski [1], puis, l'original se substituant avantageusement à la copie, je participe en France et en Pologne à plusieurs stages de "parathéâtre" [2] animés par les membres du Théâtre Laboratoire fondé par Grotowski. En 1978 et 1979, après un rapide apprentissage sur le tas, je travaille dans le bâtiment en qualité d'électricien puis, lesté d'un modeste pécule, remonte le Nil du Caire jusqu'au Kenya. Rencontre avec les Noubas du côté de Gao.
Le théâtre des Sources
À mon retour en Europe, je croise à Paris l'équipe de Jerzy Grotowski qui revient tout juste d'Haïti, accompagnée de Jean-Claude Garoute et Maud Robart, les animateurs du groupe d'artistes paysans haïtiens « Saint Soleil » célébré par André Malraux dans L'intemporel [3]. Je demande à Grotowski de me joindre à son équipe et son projet du moment, le Théâtre des sources. Il m'invite en Pologne par retour de télégramme. D'octobre 1979 à septembre 1980, je participe donc à plein temps dans la forêt polonaise à ce programme transculturel d'exploration des « techniques des sources », marches, courses, recherches musicales et actions physiques développées en contact étroit avec la nature et les forces "visibles et invisibles". En février 1980, cinq d'entre nous accompagnent Grotowski en Inde. L'expédition culmine avec la rencontre de deux musiciens de la tradition Baul, Ramananda das Baul et Gour Khepa [4]. Grâce au Théâtre des Sources, je découvre l'exercice d'une autonomie créative exigeante et sans filet (le concept de « dédomptage » était l'une des idées forces du programme). Ce sera aussi le lieu d'une prise de contact renversante et fondatrice avec la tradition africaine, en l'occurrence le vaudou haïtien.
Les années italiennes, la confrérie Gnawa, Cinecitta'
En 1980, je participe à la création en Toscane du Gruppo Internazionale l’Avventura, formé par des compagnons de route de l'expérience polonaise. J'y développe jusqu'en 1984, avec Stefano Vercelli, un travail inédit sur le chant du tambour [5] commencé dans le cadre du Théâtre des sources. En 1983, je conçois et dirige le projet parathéâtral Actions dans la ville — Azioni nella città et le film éponyme (réalisé et produit par Pascal Deligné). Voyage guidé de 9 heures dans le quotidien des villes, Actions dans la ville s'adresse à une vingtaine de participants : "Actions dans la ville est une œuvre-voyage guidé basée sur le déconditionnement de la perception de l'espace urbain au moyen d'actions physiques et de déplacements de l'attention interne et externe commune" [6]. Tout en prolongeant de manière plutôt orthodoxe — si tant est qu'un tel qualificatif puisse s'appliquer à quoi que ce soit qui concerne de près ou de loin le maître polonais — la recherche grotowskienne d'abolition des deux murs (entre soi et soi et entre soi et le monde), la volonté de briser la perception « aliénée » du quotidien qui inspira Actions dans la ville n'était pas sans parenté, bien qu'elle ne s'en inspirât aucunement, avec celle qui motiva la dérive expérimentale théorisée par Guy Ernest Debord [7]. C'est à l'occasion du montage du documentaire qu'éclot une passion durable pour la cinématographie.
Autre contamination durable, je poursuis ma quête africaine au sein de la confrérie Gnawa du Maroc, d'abord aux côtés du voyant El Aïashi Hamshish et de l'ethnologue Viviana Pâques [8] qui m'introduit au printemps 1981 auprès des Gnawa de Marrakech, puis, de 1990 à aujourd'hui, avec la mokadma (prêtresse/voyante) Fatna Adnan. Je livrerai de nombreux témoignages sur ce parcours et ses découvertes (livres, articles, films, installations, expositions, conférences contées) [9].
En 1983, je m'installe à Rome. J'y découvre la petite scène alternative de l'art vidéo romain, collabore un temps avec l'association Tape Connection puis fonde avec Rosaria Iarussi ma propre structure de production de vidéo expérimentale, Bhakti Produzioni [10]; j'écris quelques compte-rendus de dérives urbaines pour une revue romaine, Rondo. Je travaille pour le cinéma et la télévision à Cinecittà et alentours comme traducteur, doubleur, adaptateur, sous-titreur, assistant-réalisateur, producteur. Je traduis pour Ibrahim Moussa le dernier scénario -jamais tourné- du maître Federico Fellini, sous-titre pour l'Ente Cinema Italiano les versions restaurées du Guépard et de Rocco et ses frères de Visconti, l'intégrale des films d'Antonioni, tout Soldati, tout Dino Risi, tout De Santis, et adapte pour leur doublage en français des heures de séries télévisées — c'est l'époque du lancement de « La 5 » par un certain Silvio Berlusconi.
Premier livre
Je m'essaie à la réalisation de courts-métrages d'art vidéo et tente d'écrire avec Pascal Deligné un scénario inspiré par ma rencontre avec les Gnawa. Le film ne se fera pas mais le scénario fournira la matière première d'un livre « d'ethno-fiction » La storia di Bilal [11]. Cette « Histoire de Bilal » inédite en France connaîtra un destin singulier puisque, bien que je n'ai en aucune manière partagé leur idéologie, elle sera publiée en 1992 par la coopérative d'édition « Sensibili alle foglie » fondée depuis la prison romaine de Rebibbia par un des leaders historiques des Brigades Rouges, Renato Curcio, avec quelques uns de ses camarades eux aussi incarcérés.
Retour en France, le travail documentaire
En 1993, après un premier voyage au Bénin à l'occasion duquel j'entrevois à Ouidah l'ethnologue photographe Pierre Fatumbi Verger dans le salon de réception du "pape" du vodûn Houindo, le Daagbo Hounon Houna, je quitte l'Italie et reviens dans mon pays natal, la Mayenne. En 1994, la réalisation d'un film de commande pour la Communauté de Communes du Pays de Loiron, Lettre du Pays de Loiron [12], me permet de redécouvrir les traditions du bocage et leur disparition en acte. Commence alors une enquête fouillée sur la culture du « peuplon » mayennais qui débouchera sur de multiples créations : d'abord, en 1996, une exposition de photographies anciennes collectées dans les familles des 15 communes du canton de Loiron, Images d'un monde — Mémoires du Pays de Loiron, puis le recueil de récits de vie et l'écriture d'un livre illustré : On se meurt apprenti [13], « roman et photographies » d'un siècle dans le bocage. L'impact des deux œuvres est très fort dans le pays et le département [14]. En juin 1997, je m'échappe pour un mois au Maroc où je tourne Le bal des génies pour Les films du Village de Yves Billon. En 1998, une « suite » de mon travail sur les Mémoires est demandée par le réseau départemental des bibliothèques de la Mayenne. Ce seront Les veillées, soirées itinérantes (hivers 1998-1999 et 1999-2000) au cours desquelles six passeurs de mémoire — plusieurs d'entre eux, paysans ou ouvriers, avaient été des interlocuteurs privilégiés lors de la préparation de l'exposition et du livre —, content des morceaux choisis de On se meurt apprenti. La photographe Marie-Paule Nègre suit ces tournées et photographie sur quatre saisons la vie quotidienne de quelques uns des conteurs du groupe des Veillées. Deux reportages pour Géo Magazine [15], un documentaire pour France Culture [16], un livre, À la Folie — Secrets de la mémoire paysanne [17], et deux expositions [18] naissent de cette collaboration avec mes compagnons de route mayennais et la photographe.
Comme un prolongement naturel de mes investigations sur la mémoire paysanne et ouvrière et la culture du peuplon mayennais, je réalise deux films documentaires d'une heure chacun en 2001 et 2002, La Main chaude, voyage dans le monde des guérisseurs du bocage, et Un monde presque parfait [19], sur l'épopée industrielle et paternaliste de la fonderie Chappée de Port-Brillet. Preuve s'il en est de la vivacité de la croyance dans les pouvoirs des guérisseurs, La Main chaude bat un record d'audience sur l'antenne régionale de France 3. La chaîne commande une suite, ce sera La Main d'or, portrait baroque d'un guérisseur du Maine et Loire dont le charisme m'avait conquis : Celino Luciani (2002). Tous ces films sont produits avec un grand savoir-faire par Farid Rezkallah, producteur de la société 24 images du Mans avec qui je réaliserai la majorité de mes documentaires.
Avec Géo Magazine
En 1995, je rencontre Jean-Luc Marty, rédacteur en chef de Géo Magazine, qui me commande un premier reportage sur les Gnawa du Maroc. Le photographe Jean-Luc Manaud sera du voyage. Par la suite, je réaliserai des reportages sur commande du magazine dans une dizaine de pays : Bénin, Nigeria, Pologne, Brésil, Burkina Faso, Espagne, Italie, Pérou, Algérie, Maroc, France. Une collaboration fondamentale pour les découvertes qu'elle m'a permises et pour tous les autres travaux qu'elle a facilités. Un apprentissage salutaire et passionnant, aussi, des grandeurs et servitudes de la vulgarisation.
Des livres
C'est grâce à Géo et à la directrice de son service photo Sylvie Rebbot que je rencontre la photographe Marie-Paule Nègre avec qui je signerai le livre À la Folie, secrets de la mémoire paysanne [20]. De ma collaboration avec le photographe Jean-Luc Manaud naîtront deux autres livres, La caravane de sel [21] et Chroniques sahariennes [22]. En 2003, je suis sollicité par le photographe Michel Setboun pour qui j'écrirai les textes de La balade des clochers [23], promenade dans l'Histoire et les histoires de Paris. Par la suite, Agnès Busière, éditrice de La balade des clochers, me commandera pour les éditions Aubanel un livre sur les campagnes françaises Hier, nos campagnes [24], réédité en 2011 par La Martinière.
Les années d'Osun, de Pierre Fatumbi Verger à Susanne Wenger
Dans les années 90, une étroite complicité et une entente tous azimuts président à une collaboration des plus stimulantes avec l'ethnologue Pascal Dibie au sein du Laboratoire d'anthropologie sonore et visuelle des mondes contemporains de l'université Paris 2. En 1996 et 1998, je filme avec lui la route des tambours de Pâques à Samper de Calanda (Aragon) et les cérémonies célébrées à Ouidah, Bénin, par les dignitaires de la religion Vôdun Houindo, « sur la tête de Pierre Verger » [25]. Le tournage a lieu en 1997, année suivant le décès de ce luminaire de l'ethnologie participante et de la photographie que fut Pierre Fatumbi Verger, initié du culte yoruba de divination appelé Ifa. Nous filmons peu après que j'ai retrouvé le Bénin « dans les pas de Pierre Verger », sur commande de Géo [26].
Des reproductions de photos de Verger en guise de vademecum, je me rends dans les temples et palais royaux Fon et Yoruba du Bénin et du Nigeria où l'ethnologue avait photographié cinquante ans auparavant. Je présente les images aux devins, prêtres ou monarques qui me reçoivent. Des vieillards s'y reconnaissent enfants, d'autres retrouvent un père ou une mère, un maître ès arts magiques, un illustre devancier... et au bout du chemin, au Nigeria où sévit alors le couvre-feu décrété par le tyran Abacha, c'est la rencontre totalement inattendue et d'autant plus foudroyante avec une artiste autrichienne, grande initiée du culte de la déesse rivière Osun et du culte de la terre Ogboni : Susanne Wenger, Adunni Olorisa de son nom yoruba. Elle est alors âgée de 82 ans. Elle et Pierre Verger ont vécu huit ans à quelques centaines de mètres l'un de l'autre, à Osogbo, dans l'état d'Osun. Ils ne se fréquentaient guère, mais un demi-siècle plus tard l'un me mena à l'autre depuis le territoire — sacré entre tous pour les Yoruba — de la mort. Guidé par la fille adoptive de Susanne, Adedoyin Olosun, qui deviendra une amie proche, je visite la forêt sacrée d'Osun. Pendant cinquante ans, au côté d'artistes et d'artisans yoruba qu'elle a aidé à découvrir leurs talents et à développer leurs propres styles personnels, Susanne a restauré les temples délaissés et a érigé dans plusieurs clairières d'immenses sculptures représentant les dieux de la tradition yoruba, les Orisas. Après la découverte du monde des mystères haïtiens avec Grotowski puis l'immersion dans celui des génies gnawa, la rencontre avec l'univers des Orisas est un troisième choc, une vague, une irradiation désirée mais irréversible. Attaques nocturnes d'incubes (ou de succubes?), lumière des frondaisons du bois sacré d'Osun, intensité des échanges avec les Yorubas, découverte de l'importance fondamentale des arts divinatoires : je n'aurai de cesse d'y retourner et tenterai à de nombreuses reprises de convaincre Géo de produire un reportage sur Susanne. Il faudra attendre décembre 2000 pour que le magazine m'y envoie, seul — chance insigne —, y recueillir une histoire de sa vie par Susanne. L'entretien durera une semaine et sera publié sous forme de récit en septembre 2001. [27] Les liens avec Adedoyin et la famille s'affermissent au cours du séjour. Reste à faire un film, mais le montage de la production semble une gageure sur laquelle plusieurs producteurs déclarent forfait. Et pendant ce temps, Susanne vieillit... En juillet 2002, les éditions du Chêne me fournissent bien involontairement les moyens d'aller filmer une interview de Susanne à Osogbo.Je viens de signer avec la maison d'édition un contrat pour le livre Chroniques sahariennes qui retracera 20 ans du travail photographique de Jean-Luc Manaud au Sahara et au Sahel. Le photographe a négocié une enveloppe pour un voyage au Niger. Rendez-vous est pris à Niamey. Je pars avec 15 jours d'avance pour un détour d'à peine trois milles kilomètres par Cotonou et le Nigeria. Je me suis fait prêter une caméra par le producteur Yves Billon, des micros par l'ingénieur du son Alain Philippon, un pied photo par Jean-Luc. Je me rends d'abord au Bénin où un de mes anciens compagnons du Théâtre des Sources, François Liège, s'est installé et fait commerce. Grâce à sa connaissance du terrain et ses relations, je peux passer au Nigeria avec la caméra. En une semaine, je filme six heures d'entretiens avec Susanne. C'est l'époque du pèlerinage annuel des Yoruba dans la forêt d'Osun. Je me laisse entraîner par Adedoyin et son frère d'élection Sangodarè dans la fièvre des processions et des cérémonies secrètes de la forêt et des temples familiaux. Deux ans plus tard, les images seront montées par Sylvain Grolleau pour une vidéo installation extraordinaire par sa capacité à restituer l'intensité des cultes africains, Le bus des génies. Sylvain et son équipe mixent images et sons de cérémonies filmées au Maroc dans ma famille Gnawa et les séquences ramenées du Nigeria [28] pour une projection synchronisée sur les sept vitres d'un autobus transformées en écrans géants. Le bus des génies est présenté en Mayenne à l'occasion d'un printemps culturel aux couleurs du Maghreb [29] au cours duquel la mokadma Fatna Adnan, sa fille et assistante Malika Lasfar (avec laquelle je travaille sur la tradition gnawa depuis 1990) et une troupe de musiciens Gnawa sillonnent le nord du département pour des représentations de leurs rituels. Des Gnawa dans le bocage [30], documentaire de 52', est réalisé à cette occasion pour France 3 Ouest. La création du bus redonne un coup de fouet à mon désir de réaliser un film sur Susanne et la forêt d'Osogbo. Le bus des génies sera présenté au parc de La Villette en juin 2006.
Osun au patrimoine de l'humanité
Fin 2005, la forêt sacrée d'Osun, ses temples et les sculptures de Susanne Wenger et de ses compagnons sont inscrits au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Cette actualité décide Géo à financer un troisième voyage et un vrai reportage photographique qui est programmé pour le pèlerinage à la rivière Osun de la fin juillet 2006. Le photographe choisi déclare forfait une semaine avant le départ. In extremis, Jean-Luc Marty me donne son accord pour que je parte seul au Nigeria. On verra plus tard pour les photos... Équipé d'une caméra vidéo prêtée par le CNRS, je pars donc seul... mais en compagnie de Malika Lasfar qui assurera — première expérience — la prise de son. Un baptême du feu, une aventure exaltante et une réussite : un an et demi plus tard, fin février 2008, le film La dame d'Osogbo [31] est projeté au cours d'une soirée mémorable au Musée du Quai Branly en présence d'Adedoyin Olosun, du roi d'Osogbo et du gouverneur de l'état d'Osun qui ont spécialement fait le déplacement à Paris pour l'occasion, accompagnés de leurs cours respectives. Souffrante, Susanne Wenger n'a pas pu faire le voyage depuis le Nigeria. Épaulée par Malika, Adedoyin officie sur la scène du théâtre Lévi Strauss pour un rituel de conjonction des eaux de la Seine et des eaux d'Osun. Christian Le Peutrec et Hélène Chevereau, producteurs de la société Mano a mano, ont enfin décroché une commande de la chaîne France Ô : quelques jours après la soirée du Quai Branly, nous partons avec Adedoyin à destination de l'Autriche. Nous y filmons les tableaux de Susanne conservés à la fondation Susanne Wenger de Krems et réalisons quelques interviews. Nous nous retrouverons à nouveau en mai au Nigeria où nous filmons pendant deux semaines. Le film sera présenté en avant-première à Paris le 14 janvier 2009, deux jours après le décès de Susanne Wenger, dix ans jour pour jour après celui de Grotowski à qui l'Unesco dédie l'année 2009, une conjonction qui résonne fortement. Fin février, Osun Osogbo, la forêt et l'art sacrés des Yoruba [32] est diffusé par France Ô et fait le tour de la planète de Paris aux Antilles, à Tahiti et la Nouvelle Calédonie.
Avec Jean-Loup Trassard
Durant l'été 2009, je commence avec Malika un autre travail documentaire au long cours avec l'écrivain et photographe mayennais Jean-Loup Trassard, natif de Saint-Hilaire du Maine, village voisin de celui où je suis né et où j'habite encore à l'époque, Le Bourgneuf-la-Forêt. Le tournage dure un an et demi. C'est à nouveau un cours d'eau, peu considérable celui-là, qui coule tout au long du film, le ruisseau d'enfance de Trassard. Une version longue de Jean-Loup Trassard, comme un ruisseau mayennais [33] est achevée en février 2010 et projetée un peu partout en Mayenne au cours d'une année d'hommage à l'auteur organisée avec l'association amie Atmosphères Production. Un spectacle, une grande exposition itinérante d'anthologie, un jeu destiné au jeune public, un site internet sont créés pour l'occasion. La région Pays de la Loire reprend la thématique d'une année Jean-Loup Trassard en 2011, la Bibliothèque Publique du Centre Pompidou achète le film pour le réseau des médiathèques de France, France 3 coproduit une version courte d'une heure.
Mais déjà, d'autres ouvrages sont en cours qui nous ont emmenés et nous emmèneront vers l'Inde, le Mexique, le Nigeria, la Pologne, la Biélorussie, l'Autriche, l'Italie, le Brésil, le Maghreb, les États-Unis... et la Mayenne.
[1] Voir l'hommage de Marc Fumaroli à Jerzy Grotowski rédigé pour le Collège de France.[2] Terme inventé par Grotowski et son conseiller littéraire Ludwik Flaszen pour désigner des moments de rencontres et d'actions collectives où la figure du spectateur était éliminée.
[3] "L’expérience la plus saisissante et la seule contrôlable de la peinture magique du XXe siècle".
[4] On retrouve ces deux musiciens dans le film de Georges Luneau Le chant des fous (Les films Cinémarc, CNRS Images,1980)
[5] Le chant du tambour in L'âge d'or du théâtre polonais de Mickiewicz à Wyspianski, Grotowski, Kantor, Lupa, Warlikowski…, éditions de l'Amandier, 2009.
[6] Voir le film Actions dans la ville
[7] Voir Guy Ernest Debord, Théorie de la dérive in Internationale Situationniste, bulletin central édité par les sections de l'Internationale situationniste, n° 2, décembre 1958
[8] Pâques, Viviana, La religion des esclaves, recherche sur la confrérie marocaine des Gnawa, Bergamo : Moretti et Vitali Editori, 1991. C'est après avoir écouté un enregistrement de musique gnawa gravé par un de ses anciens étudiants, Daniel Morzuch, que je me mis à la recherche de Daniel qui m'introduisit ensuite auprès de Viviana.
[9] Livres La Storia di Bilal (Sensibili alle foglie, 1989), La conférence des sept parfums (Accademia Editori, 2017) ; Rites secrets au Maroc (Géo, août 1996), film Le bal des Génies (Zarafa, 1999) ; film Des Gnawa dans le bocage (24 Images, 2005) ; vidéo installation Le bus des génies (2005 à 2009); exposition et catalogue Gnawa, sept couleurs de Jean-Luc Manaud (2015); conférence contée (2016-2017) Ancêtres d'au-delà des grandes eaux ; Article Pèlerinage aux trois montagnes (Carnets du paysage, 2017); conférence contée + exposition La conférence des sept parfums (en création, 2021).
[10] Bhakti Produzioni produira les courts métrages de Pierre Guicheney Figura con paesaggio (12', 1986) ; Il gioco dell'Albatros (12 ', 1987) ; L'esprit du travail ? (15', 1989) et deux tournées de spectacles et de rituels Gnawa en Italie (1989, 1990).
[11] Ibidem
[12] Lettre du Pays de Loiron, 1994, 28', Prisma Production
[13] On se meurt apprenti (Terre de Brumes, 1997 ; Ennoïa, 2002)
[14] Et au-delà puisqu'ils fourniront la matière première d'une série documentaire de trois heures produite par Laurence Bloch et Françoise Séloron pour France Culture dans Changement de décor, les 16,17 et 19 novembre 1998
[15] Voyage au pays des guérisseurs (Géo, août 1999) et Jours tranquilles à la Folie (Géo, juin 2000).
[16] Retour à la Folie, documentaire de Pierre Guicheney diffusé dans Carnet nomade de Colette Fellous, France Culture, le 14 mai 2000
[17] À la Folie (Siloë, 2000)
[18] À la Folie, château de Sainte Suzanne, juin-juillet 2000, Thérèse, à la Folie, exposition des galeries photos Fnac 2000-2003
[19] La main chaude (52', 24images, France 3 Ouest, 2001) ; Un monde presque parfait (52', 24images, Canal 8, TV 10 Angers, France 3, 2002)
[20] À la Folie (Siloë, 2000)
[21] La caravane de sel, avec le photographe Jean-Luc Manaud (Hoebeke, 2002)
[22] Chroniques Sahariennes avec le photographe Jean-Luc Manaud (Le Chêne, 2006)
[23] Paris, la balade des clochers avec le photographe Michel Setboun (Hermé, 2004 - Abrams, New York, 2006)
[24] Hier, nos campagnes (Aubanel, 2005 - La Martinière, 2011)
[25] Pierre Verger, le regard retourné documentaire (26’, Unesco/Université Paris VII, 1997) de Pascal Dibie et Pierre Guicheney, image de Pierre Guicheney et Jean Arlaud
[26] Lire la version intégrale de l'article publié dans Géo n° 224 en septembre 1997
[27] Lire la version augmentée de l'article publié dans Géo n° 271 en septembre 2001
[28] Le bus des Génies Produit en Mayenne en 2005 puis présenté au Parc de la Villette en 2006 et au festival 38e rugissants de Grenoble en 2007
[29] Maroc en Haute Mayenne, organisé avec l'intelligence d'Antoine Glémain et de sa remarquable association Atmosphères 53.
[30] Des Gnawa dans le bocage (52', 24images - France 3 Ouest, 2005)
[31] La dame d'Osogbo (77', 24images-CNRS images, 2007, avec le soutien de la Région Pays de la Loire, produit par Farid Rezkallah et Catherine Balladur, image de Pierre Guicheney, son de Malika Lasfar)
[32] Osun Osogbo, la forêt et l'art sacrés des Yoruba (52', Mano a mano, Canal Overseas, France Ô, 2009, avec le soutien de la Région Pays de la Loire, produit par Christian Le Peutrec et Hélène Chevereau, image de Pierre Guicheney et François de la Patellière, son de Malika Lasfar)
[33] Jean-Loup Trassard, comme un ruisseau mayennais, (77' et 52', une coproduction 24images-LMTV-Atmosphères Production-France 3 Pays de la Loire, 2010 et 2011)