• L'implantation juive en Pologne a commencé dès le Moyen-Âge…

      

     L'implantation juive en Pologne a commencé dès le Moyen-Age.

         Dès le Xème siècle, des Juifs vécurent en Pologne. Au XIème et XIIème siècle, le pays accueille une vague importante d'immigration juive en provenance d'Europe de l'Ouest où les Israélites sont persécutés. Le roi Boleslas le Pieux fixe en 1264 les droits et obligations des Juifs (les "privilèges"), au grand dam de l’Église catholique. En 1334, le roi Casimir-le-Grand confirmera le statut accordé aux Juifs par Boleslas. Ce statut autorisait les Juifs à commercer, circuler et affermer des terres (mais pas à en posséder). Il leur permettait surtout de renflouer les caisses royales avec leurs impôts.

         Au cours des siècles qui suivront, les "privilèges" des Juifs seront limités, éliminés ou rétablis, selon que l'état des finances royales ou les synodes de l’Église imposeront leur point de vue. Au XVIème et XVIIème siècles, l'accroissement naturel de la communauté juive et une nouvelle vague d'immigration en provenance d'Espagne (les Juifs en sont expulsés en 1492) et d'Allemagne (sac de Francfort en 1525) provoqueront des mouvements contradictoires d'acceptation et de rejet du peuple d'Israël. Jusqu'en 1939, bon gré, mal gré, Juifs (3 millions en 1939) et Polonais catholiques partageront ensemble le sort d'un pays dont ses voraces voisins, l'Autriche, la Prusse et la Russie, se répartiront les territoires à plusieurs reprises (1772-1793-1795-1920-1945). Du XVIIème siècle à 1939, environ 50 à 80% des Juifs du monde entier auront vécu en Pologne dont ils constituaient, en 1939, 10% de la population. Pogroms, mouvements de protestations contre les "privilèges" des Juifs et accusations récurrentes de meurtres rituels (*) seront cependant à l'ordre du jour chaque fois que le pays traversera des crises : le Juif, meurtrier du Christ, sera la victime expiatoire idéale.

         Après l'holocauste, une partie de Juifs qui y avaient survécu en se réfugiant en URSS rejoignirent la Pologne. Entretemps, des Polonais s'étaient appropriés les logements et les biens des Juifs. Des pogroms (dont celui de Kielce en 1946 : 42 morts) et des assassinats d'individus isolés (plus de 400 entre février et septembre 1945) s'ensuivent  qui poussent  une à deux centaines de milliers d'entre eux à émigrer vers Israël, les USA, l'Amérique du Sud, l'Australie ou la France. En 1956, une campagne antisémite est lancée par le gouvernement Gomulka, avec la bénédiction de Khrouchtchev : 40.000 personnes d'origine juive quittent la Pologne. En 1957, l'accusation de crime rituel (*) apparaît à nouveau dans les journaux. Enfin, en 1968, la guerre de six jours offre un prétexte à Gomulka pour déclencher une campagne "antisioniste" et expulser ou favoriser l'émigration des Israélites : le Parti Communiste, l'Administration, l'Université et les entreprises sont épurés. L’Église catholique s'oppose alors aux persécutions de Gomulka, ainsi que le K.O.R. (Comité de défense des ouvriers), qui donnera naissance au mouvement Solidarnosc. Mais il est tard : en 1990, on estimait le nombre de Juifs habitant la Pologne à 5000 âmes. 

     

    (*) Crime rituel, retournement du rituel chrétien d'ingestion du corps et du sang du "petit Jésus" : on accusait les Juifs de préparer le pain azyme de Pâques (matzel) avec le sang d'un enfant chrétien sacrifié.